Article publié le 09/10/2019

C’est sur une plage isolée de la côte rocheuse d’Irlande que Fionn Ferreira, citoyen irlandais de 18 ans, conçoit l’idée qui lui vaudra le prix Google Science Award. Son invention vise à nettoyer les microfibres plastiques répandues dans quasiment tous les écosystèmes aquatiques du monde. 

« J'ai trouvé un rocher, et sur ce rocher, il y avait un résidu de marée noire », explique Ferreira « et collé à ce résidu se trouvaient des morceaux de plastique ».

Cette observation va l’inspirer pour créer un aimant capable de récolter en moyenne 87% des déchets micro-plastiques logés dans un plan d’eau. Récompensé par Google d’une dotation de 45.000 euros par Google, Fionn Ferreira espère faire évoluer sa technologie afin de la mettre en oeuvre dans les usines d'épuration des eaux.

En effet, cette innovation arrive à point. L’industrie textile est en plein essor, elle représente plus de 2% de l’économie mondiale et emploie environ 23 millions de personnes. Sa croissance et son développement facilitent la production de produits allant du linge de maison à l’équipement de sauvetage, tout en rendant ces produits à la fois plus accessibles, plus abordables, et – en principe – plus durables.

Cependant, les progrès de cette industrie ne viennent pas seuls. L’avènement de la « fast fashion » avec le renouvellement très rapide de petites collections vendues à bas prix, incite des achats plus volumineux et toujours plus fréquents. Près de 60% des internautes allemands et chinois admettent posséder plus d’habits que nécessaire, dont la moitié est mise au rebut dans l’année qui suit leurs achats pour être ensuite remplacée par de nouvelles acquisitions.

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Or deux tiers des articles textiles sont fabriqués à base de fibre synthétique, matière qui rejette dans l’environnement des déchets sous forme de microfibres plastiques. Un demi-million de tonnes de microfibres sont déversées chaque année dans l’Océan, soit 16 fois plus que les microbilles de plastique issues des cosmétiques.

Bien qu’elles ne mesurent pas plus de 5 millimètres, ces microfibres ont néanmoins des effets néfastes sur l’environnement marin. Leur petite taille exclut la possibilité de les rassembler et de les évacuer une fois déversées dans l’Océan. Plusieurs études scientifiques démontrent l’omniprésence de ces microfibres dans l’écosystème marin à l’échelle mondiale : ces dernières se trouvent non seulement dans les habitats côtiers et marins, mais aussi dans les lacs, les rivières d'eau douce et les retombées atmosphériques.

Malgré la pénurie de recherches approfondies sur l’impact des microfibres sur la santé humaine et la biodiversité, des enquêtes préliminaires indiquent que ces substances peuvent avoir un effet extrêmement nocif, notamment sur l’intégrité et la sécurité de la chaîne alimentaire. Selon cette étude, les amateurs de crustacés consommeraient jusqu’à 11.000 fragments de plastique chaque année.  Bien que moins de 1% de ces plastiques soient absorbés, cela représente néanmoins un apport toxique pour l’organisme.

Conscientes de ces enjeux environnementaux et sanitaires, des entreprises et des associations ont lancé des initiatives visant à réduire l’accumulation de microfibres dans les océans. Le Rozalia Project, par exemple, propose la “Cora Ball”, un ustensile capable de capter près d'un tiers des microfibres des vêtements lavés à la machine, évitant ainsi qu’ils s’accumulent dans les eaux usées rejetées. Il existe aussi les sacs de lavage - en polyamide -  dans lequel mettre les vêtements synthétiques en machine, une innovation allemande intitulée « Guppyfriend » qui reste une solution transitoire. De même, l’invention de Fionn Ferreira représente une contribution supplémentaire à la lutte contre le plastique. Elle témoigne que les plus jeunes générations ont pris conscience des dégâts majeurs que peuvent engendrer les déchets plastiques.

Néanmoins, les initiatives ponctuelles ne suffiront pas pour purifier l’océan de ses déchets anthropiques. Les efforts écologiques qui œuvrent dans cette direction demanderont une approche holistique, soutenue par des acteurs gouvernementaux autant que par le secteur privé ainsi qu’une campagne de sensibilisation de grande envergure auprès du public. Le Parlement irlandais, par exemple, propose de faire passer une loi selon laquelle tout vêtement composé de matériel synthétique devra porter une étiquette avec la mention : « cet article rejette des microfibres de plastique lors du lavage à la machine, facteur de pollution marine ».

Comme le dit Fionn Ferreira : "On ne peut pas laisser tout résoudre aux générations futures. Tout le monde doit y mettre du sien."

Piccoli, Sean. “A Teenager Has Figured Out How To Get Microplastics Out Of The Water Supply.” Medium, September 18, 2019.