Accueil> Climat>Quand l’Océan brûle, les éléments s’embrasent Quand l’Océan brûle, les éléments s’embrasent Retour vers « les actualités » Article publié le 17/07/2024 La planète bat des records de température pour le treizième mois consécutif, accompagnés d'événements météorologiques extrêmes qui, s’ils ne sont pas nouveaux, semblent frapper la Terre avec plus de régularité. En 2006 déjà, l’ancien vice-président des Etats-Unis, Albert Arnold Gore déclarait « les phénomènes naturels vont devenir de plus en plus extrêmes ». L’actualité internationale semble malheureusement lui donner raison. Dans le contexte de réchauffement climatique anthropique, les exemples ne manquent pas : flammes ravageant le Pantanal, la plus grande zone humide de la planète, inondations meurtrière en Chine, au Bangladesh, et en Côte d’Ivoire, vagues de chaleurs en Inde et au Pakistan... les éléments s’emballent et n’épargnent aucune partie du monde crédit : Getty images / BBC - Algérie L’OCEAN : RÉGULATEUR CENTRAL DU CLIMAT « L’Océan est au cœur de la machine climatique, il est le régulateur du climat » souligne François Gaill, océanographe et présidente d’honneur du conseil scientifique de la Fondation de la Mer. La machine climatique dépend de la bonne santé de l’Océan. Or il est touché par des canicules marines de plus en plus régulières. On parle de « canicule marine » lorsque la température de surface est plus élevée que 90 % du temps à la même période, pendant plus de cinq jours. crédit : Getty image / BBC - Grèce Selon le GIEC, la fréquence des vagues de chaleur a doublé entre 1982 et 2016. En effet, des vagues de chaleur se sont produites dans tous les bassins océaniques, sans exception, au cours des dernières décennies. Comme le confirme Robert Schlegel, ingénieur de recherche à la Sorbonne, ces canicules marines deviennent « plus fréquentes, plus longues et plus intenses » en raison du réchauffement climatique. Ces événements météorologiques extrêmes provoquent mécaniquement d’autres événements météorologiques extrêmes, comme des ouragans, des inondations ou des cyclones. El Niño, phénomène océanique, conséquence d’une perturbation atmosphérique dans l’océan Pacifique, entre les côtes péruviennes et l’Océanie apparaît tous les deux à sept ans. C’est la réaction à l’accumulation d’un trop-plein de chaleur dans les eaux des tropiques, qui dure de sept à douze mois et qui a connu, ces dernières années, une intensification. El Niño est malheureusement connu pour engendrer des catastrophes naturelles, notamment des cyclones, entraînant mécaniquement une élévation du niveau de la mer, et donc, des inondations catastrophiques. El Niño s’est mis en place au printemps 2023 et le phénomène commence seulement à arriver à sa fin en juin 2024. DES CONSÉQUENCES DIRECTES SUR LES POPULATIONS Ces dérèglements climatiques entrainent des conséquences directes sur notre mode de vie et vont devenir de plus en plus importantes. Dans son rapport « A New Climate for Peace », le G7 a souligné les différents risques liés à l’élévation du niveau de la mer, à la dégradation des côtes, et aux phénomènes météorologiques extrêmes, mettant ainsi en lumière le réchauffement climatique comme un enjeu intersectoriel. crédit : Getty image / BBC - Inde En ce qui concerne les risques liés aux événements météorologiques extrêmes, l’ONG GermanWatch a mis en avant dans son rapport « Global Climate Risk Index 2021 » que ce sont les pays les plus pauvres qui sont les plus vulnérables face aux tempêtes, inondations, ou canicules. L’ONG démontre d’ailleurs qu’au cours de ces vingt dernières années, sur 11 000 événements climatiques avec un bilan humain de 480 000 décès, la Birmanie, Haïti, et Puerto Rico sont les pays les plus touchés. Par conséquent, la multiplication de ces événements paroxystiques aura un impact direct sur l’augmentation de la mortalité, de la faim et de la pauvreté dans les régions les plus pauvres du monde. Par ailleurs, les submersions marines dues aux vagues de chaleurs et événements météorologiques extrêmes auront notamment un impact local fort sur certains territoires. Les littoraux de l’Indonésie et des Philippines, mais aussi de l’océan Indien (du Pakistan à la Birmanie), ainsi que les îles du Pacifique et l’est du bassin méditerranéen sont les zones les plus vulnérables aux phénomènes climatiques. Ces catastrophes naturelles sont en effet susceptibles d’affecter les activités de pêches et agricoles, principales activités économiques de ces espaces. Même si selon les estimations actuelles, aucun pays ne sera entièrement submergé au cours du siècle, l’élévation du niveau de la mer menace la viabilité économique de certaines régions à basse altitude avant leur submersion entière. Ce phénomène a ainsi pour risque un certain désordre social, une forte augmentation des migrations climatiques ainsi que des désaccords sur l’exploitation des océans. De même, les dommages consécutifs à l’accroissement des phénomènes météorologiques extrêmes aggraveront la vulnérabilité des populations de ces territoires. L’AFFAIRE TEITONA AUX KIRIBATI : ou lorsque réchauffement climatique et droit international ne font pas bon ménage Cette République insulaire située dans le Pacifique central est un parfait exemple des conséquences concrètes que peut avoir la montée des eaux provoquée par le réchauffement climatique. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, et le rapport publié par la Banque Mondiale, si rien n’est fait, d’ici 2050, ce territoire sera entièrement submergé. Les causes sont très facilement identifiables : canicules marines, érosion costale, urbanisation des mangroves, etc. Cet exemple met aussi en lumière un problème d’une nature plus juridique et géopolitique. En effet, en 2013, Ioane Teitona, originaire des Kiribati a engagé une procédure judiciaire en Nouvelle-Zélande pour obtenir le statut de « réfugié climatique ». Si la Cour Suprême de Nouvelle-Zélande a définitivement rejeté sa demande d’asile en 2015, cette affaire pose néanmoins la question du devenir des personnes forcées de quitter leur territoire pour des raisons climatiques. Toutefois, tout n’est pas perdu puisque l’Australie a présenté en mars 2024 un accord pour offrir l’asile climatique aux citoyens de Tuvalu, une île du Pacifique qui subit elle aussi la montée des eaux. crédit : BBC News - Ioane Teitona Ainsi, la montée du niveau de la mer et des phénomènes météorologiques extrêmes associés risquent d’affecter la stabilité de nombreux territoires. La fréquence croissante de ces événements associée à la vulnérabilité des écosystèmes et des communautés humaines provoquera des impacts en cascade, dont de sévères inondations. AIDER l’OCÉAN AUX CÔTÉS DE LA FONDATION DE LA MER La Fondation de la Mer vous permet de prendre part à différentes actions et de vous investir dans des projets divers pour protéger l'Océan, que vous soyez particulier ou professionnel. Les récifs coralliens sont essentiels à l’équilibre de la planète. Fortement menacés, notamment par les canicules marines, 50% ont déjà disparu. Agissez avec SOS Corail, une plateforme de financement participatif pour protéger ces écosystèmes extraordinaires. L’urgence est là, sauvons ces trésors de biodiversité marine Article publié en octobre 2023 Partager cet article: Partager sur FacebookPartager sur TwitterEnvoyer à un amiCopy to clipboard Poursuivez votre lecture COP16 désertification en Arabie Saoudite “On pense que le désert c’est loin. 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