Accueil> Toute l'actualité>Deuxième mandat de Donald Trump : les océans menacés ? Deuxième mandat de Donald Trump : les océans menacés ? Retour vers « les actualités » Article publié le 29/01/2025 Fraîchement réinstallé dans le bureau ovale, Donald Trump a multiplié les signatures de décrets présidentiels sur une multitude de sujets, dont la question écologique et la crise climatique, qu’il avait qualifiée de “canular” en 2015. Une “escroquerie injuste et unilatérale” : c’est en ces termes que Donald Trump a défini l’Accord de Paris, duquel il s’est retiré dès son inauguration présidentielle, lundi 20 janvier dernier. Ce retrait, bien que préoccupant, n’interviendra que dans un an, en vertu des règles de procédure du texte multilatéral scellé en 2015. Par cette décision, les États-Unis rejoignent le nombre très restreint des pays n’ayant pas ratifié cet accord : l’Iran, la Libye et le Yémen. L'Accord de Paris est un traité international juridiquement contraignant sur les changements climatiques. Il a été adopté par 196 Parties lors de la COP 21, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris, le 12 décembre 2015. Il est entré en vigueur le 4 novembre 2016. Son objectif primordial est de maintenir « l'augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l'augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. » Sur le volet national, le président à également promis de s’attaquer à l’Agence de Protection de l’Environnement et à l’Agence Américaine d’Observation Océanique et Atmosphérique, la NOAA en supprimant la première et en démantelant la seconde afin de privatiser une partie de ces activités. Ces agences ont pourtant un rôle essentiel en matière de climat et de biodiversité, notamment en recueillant des données scientifiques. Concernant le domaine énergétique, Donald Trump souhaite ouvrir de nouvelles zones marines à l’exploitation minière et pétrolière dans le cadre de ce qu’il qualifie “d'urgence énergétique nationale”. Quelles répercussions pour le monde marin ? Les États-Unis disposent de la plus importante ZEE du monde et de 19 924 km de côtes. La position de Donald Trump aura donc évidemment un impact dramatique sur les efforts de conservation marine, non seulement au niveau national mais également international. Le président américain entend réduire drastiquement, voire éliminer, les réglementations concernant la protection de la biodiversité, ce qui nuirait à de nombreuses espèces notamment les baleines noires. Les 370 individus restants sont déjà fortement impactés par la pollution marine et les collisions avec les bateaux et les engins de pêche. Selon Lyne Morissette, grande spécialiste des mammifères marins et du fonctionnement des écosystèmes : “la dérégulation des protections marines sous un gouvernement Trump va empirer la situation pour la biodiversité en général, et pas uniquement aux États-Unis, puisque les espèces ne connaissent pas les frontières", précise-t-elle, en évoquant un large éventail d’espèces de mammifères marins, mais aussi de poissons. Le Marine Mammal Protection Act (MMPA) pourrait par exemple être remis en cause. Cette loi remontant à 1972 renverse la charge de la preuve en imposant à l’industrie de la pêche de démontrer que ses activités ne mettent pas en péril les mammifères marins avec de lourdes sanctions à la clé telles que le bannissement des importations des pays ne respectant pas les dispositions de cette loi. L'accord de Paris menacé ? La Terre a connu en 2024 son année la plus chaude jamais enregistrées, les conséquences directes du réchauffement climatique se multiplient partout et la lutte pour maintenir un niveau de réchauffement en dessous de 2°C est plus urgente que jamais. Il faut rappeler que les États-Unis sont le deuxième pays le plus émetteur de gaz à effet de serre au monde et le retour en arrière prévu par Donald Trump en matière climatique pourrait entraîner 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 supplémentaire d’ici 2030 par rapport aux politiques portées par Joe Biden, soit les émissions annuelles de l’Europe et du Japon. Ce retrait n’est pas inédit puisque le 1er juin 2017, lors de son premier mandat, Donald Trump s’était déjà retiré de l’Accord de Paris. Cette décision s’inscrit dans la tradition du Parti républicain américain depuis 2001, lorsque George H.W. Bush affirmait que le protocole de Kyoto ne serait pas ratifié car il allait à l’encontre du mode de vie américain. Les conséquences de ce retrait ont néanmoins été limitées, voire inexistantes car l’article 28 de l’Accord de Paris prévoit qu’un État doit attendre trois ans, après son entrée en vigueur (intervenue en novembre 2016) pour le dénoncer et la dénonciation ne prend effet qu’un an après son dépôt. Le retrait officiel des États-Unis n’est donc intervenu que le 4 novembre 2020, 3 mois avant l’investiture de Joe Biden qui annonça le retour des États-Unis dans l’Accord de Paris. La nouvelle sortie de l’Accord de Paris va se heurter à une réalité nationale et internationale. Au niveau national, les États-Unis connaissent un essor rapide des énergies renouvelables, notamment dans les États républicains qui ont largement profité des investissements et emplois verts mis en place par Joe Biden dans le cadre de l’Inflation Reduction Act. À titre d’exemple, le Texas est devenu le premier État producteur d’énergies renouvelables du pays, avec un quart de la production éolienne. Au niveau international, aucun État ne semble emboîter le pas des États-Unis sur cette sortie de l’Accord de Paris. “L’action multilatérale pour le climat s’est avérée résiliente et est plus forte que la politique de n’importe quel pays seul”, assure Laurence Tubiana, architecte de l’Accord en question. Reste à savoir quelle grande puissance mondiale sera capable de reprendre le leadership climatique. Cette reprise est essentielle pour la santé des océans, largement impactés par le réchauffement climatique. Or, ces derniers sont aussi le rempart le plus efficace contre celui-ci. Ils produisent 50% de nos besoins en oxygène, absorbent 25% de nos émissions de CO2 et capturent 90% de la chaleur supplémentaire générée par ces émissions. Partager cet article: Partager sur FacebookPartager sur TwitterEnvoyer à un amiCopy to clipboard Poursuivez votre lecture Protéger les tortues marines en Méditerranée française 23.01.2025 Lire la suite Observateurs de pêche : un métier à hauts risques 16.01.2025 Lire la suite Récifs coralliens de Raja Ampat : des avancées majeures dans le programme de restauration 14.01.2025 Lire la suite Voir toutes les actualités