Article publié le 11/04/2025

La recherche doctorale bénéficie du soutien de la Fondation de la Mer depuis 2016, qui attribue chaque année plusieurs prix de 5 000 euros à de jeunes chercheuses et chercheurs engagés pour une meilleure connaissance du milieu marin. Ces prix récompensent des travaux dans des domaines variés, que ce soit en sciences océanographiques ou en sciences humaines et sociales, telles que l’histoire ou le droit de la mer.

Cette année, deux des lauréats focalisent leurs recherches sur les sons de l’océan et leur impact sur le comportement des grands cétacés, abordant ainsi des enjeux majeurs pour la conservation de ces organismes.

Loanne Pichot – « Evaluation des impacts acoustiques du trafic maritime sur la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) et développement de dispositifs d’effarouchement innovants », Unité Mixte de Recherche en Acoustique Environnementale (UMRAE), Université Gustave Eiffel (UGE) / Centre d’Études et d’expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement (CEREMA), Strasbourg.

Le premier projet, porté par Loanne Pichot, étudie les impacts acoustiques du trafic maritime sur la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae), une espèce menacée particulièrement vulnérable aux dangers liés à ce trafic intense. Sa recherche vise à comprendre les réactions comportementales des baleines face au bruit des navires et à développer des dispositifs acoustiques innovants, notamment par l’utilisation de sons avertisseurs, pour réduire les risques de collision avec les bateaux.

Lucie Jean-Labadye « Description des paysages sonores sous-marins par intelligence artificielle », Institut Jean le Rond d’Alembert (Sorbonne Université), Paris.

Le second projet, porté par Lucie Jean-Labadye, s'intéresse à l'analyse des paysages sonores sous-marins, en mettant l'accent sur l'utilisation de l'intelligence artificielle pour classer et identifier les sons produits par les cétacés. L’objectif est de mieux comprendre les effets du bruit anthropique sur ces animaux, grâce à des technologies d’écoute non-invasives et des outils automatiques pour traiter les données acoustiques collectées. Ce projet vise également à fournir aux biologistes des outils performants pour l’étude et le suivi des populations, voire des individus dans leur milieu naturel. Ensemble, ces recherches visent à proposer des solutions concrètes pour atténuer les impacts négatifs du bruit sous-marin sur la vie marine et à améliorer la gestion des écosystèmes marins.

J'ai une formation en intelligence artificielle mais je ne voulais pas me limiter au traitement informatique des chants de baleines, je voulais aussi les rencontrer. Le prix de la Fondation de la Mer va me permettre d'aller au Canada pour les observer

Cosme Mosneron Dupin – « Changements de circulation dans l’Océan Austral et implications globales », Laboratoire d'Océanographie et du Climat : Expérimentations et Approches Numériques (LOCEAN, Sorbonne Université), Paris / Centre Nationale d’Études Spatiales (CNES), Toulouse.

Dans un autre domaine, Cosme Mosneron Dupin étudie les changements de circulation dans l’océan Austral et leurs implications globales. Cet océan joue un rôle crucial dans la régulation du climat, en absorbant la chaleur et le carbone atmosphérique. Cependant, il est soumis à de nombreux bouleversements tels que la hausse de la température de surface et l’apport d’eau douce lié à la fonte des calottes glaciaires. L’objectif de cette thèse est de comprendre l’impact de ces changements sur les courants marins de l’océan Austral et les rétroactions associées. Pour cela, Cosme a développé une méthode innovante de mesure par satellite du niveau de la mer dans les ouvertures de la glace, permettant de reconstituer les courants sous la banquise sur les vingt dernières années.  

Cette bourse va me permettre d'aller à l'Institut océanographique Scripps aux États-Unis pour avoir accès à un jeu de données récents produit par la NASA.

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Victoria Delannoy « Impacts des canicules marines sur les poissons méditerranéens », Unité Mixte de Recherche Biodiversité Marine, Exploitation et Conservation (MARBEC), Université de Montpellier, Montpellier.

Victoria Delannoy, quant à elle, a été récompensée par la bourse « Méditerranée » pour ses recherches sur les impacts des canicules marines, qui sont de plus en plus fréquentes et intenses, sur un poisson méditerranéen, la saupe. Son approche intégrative vise à identifier et mesurer les stress physiologiques induits par ces canicules marines sur ces poissons, en milieu naturel (in situ). Pour ce faire, sept paramètres indicateurs de leur état de santé, parmi eux, la croissance, la composition de la flore intestinale, l’alimentation, ou encore des aspects plus complexes de leur biologie à l’échelle cellulaire.

Grâce à ce prix, je vais pouvoir analyser l'expression de certains gènes impliqués dans des fonctions biologiques des poissons, dans différentes parties du cerveau. Cela me permettra de mieux comprendre comment la réponse au stress est modulée au sein de l’organisme

Boris Salvai – « Les visages de la mer au temps des Renaissances : genèse, évolution et diffusion des représentations de l’espace maritime dans les cultures d’Europe méridionale (XIVe-XVIe siècle) », Laboratoire d’Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranée (LA3M), Université d’Aix-Marseille, Marseille.

Un autre lauréat, Boris Salvai, a été récompensé dans la catégorie « sciences humaines et sociales » pour ses recherches sur les représentations de l’espace maritime dans les cultures d’Europe méridionale, à travers des œuvres artistiques et littéraires du XIVe au XVIe siècle. Les travaux de Boris explorent la manière dont la mer a été pensée et perçue à travers les siècles, révélant ainsi le rapport complexe entre l'homme et cet espace. Ses recherches pour une histoire culturelle des mers médiévales et modernes résonnent particulièrement aujourd'hui, dans un contexte où les enjeux liés à l’océan, qu’ils soient environnementaux, énergétiques, alimentaires ou médicinaux, deviennent cruciaux pour l’avenir des sociétés humaines qui doivent repenser leur rapport à la mer.

Avec le prix de la Fondation de la Mer, je vais pouvoir financer des missions de recherche pour consulter des sources historiques et des documents d’archives dans les différentes régions couvertes par mon étude.

Depuis sa création, la Fondation de la Mer a soutenu 35 jeunes chercheuses et chercheurs grâce à ce prix. Elle soutient également la recherche scientifique à travers un second prix, celui de la publication scientifique, attribué en partenariat avec l’Institut Océan. Ainsi, c’est un réseau de 43 lauréats scientifiques qui a vu le jour, tous spécialisés dans les enjeux liés au monde marin.

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