Article publié le 10/11/2023

Le 7 novembre 2023, la Fondation de la Mer, avec le soutien de la Banque Transatlantique, a récompensé les Engagés pour l’Océan 2023. Ce programme dédié à l’innovation maritime a pour objectif de mettre en lumière des acteurs remarquables portant les meilleurs projets en faveur de la protection des océans.

En cette Journée mondiale de la science au service de la paix et du développement, retour sur Françoise Gaill, biologiste et océanographe française reconnue sur la scène internationale et lauréate de la catégorie « Chercheur et Scientifique ». Dans le cadre des Engagés pour l’Océan 2023, elle est notamment récompensée pour la création de l’IPOS, une plateforme intergouvernementale d’experts sur la gestion durable de l’Océan. 

François Gaill, une femme engagée pour l’Océan

Biologiste et océanographe française, Françoise Gaill est spécialiste de la faune abyssale et a largement participé à étoffer les connaissances dans ce domaine. Elle n’était pas destinée à une carrière dans ce milieu, ayant notamment obtenu un diplôme de philosophie, mais une rencontre décisive avec une professeure de sciences naturelles l'a poussée à s’inscrire en biologie. Grâce à ses compétences, elle est invitée en 1982 à prendre part aux premières missions américaines d’exploration des sources hydrothermales du Pacifique. Elle poursuit son engagement scientifique en rejoignant la station biologique de Roscoff du CNRS en 1993. 

Elle devient ensuite directrice du département Environnement et Développement Durable au CNRS et préside le Comité Opérationnel Recherche et Innovation du Grenelle de la mer. En 2011, elle est nommée à la tête du Conseil stratégique et scientifique de la Flotte Océanographique française. Peu de temps après, elle cofonde la plateforme Océan & Climat. L’année suivante, elle est désignée « conseillère scientifique Océan » de l’Institut Ecologie et Environnement du CNRS. Reconnue sur la scène nationale et internationale, Françoise Gaill a ainsi présidé de nombreuses initiatives scientifiques et ONG et a été la première présidente du conseil scientifique de la Fondation de la Mer.

Dans le cadre de l’ « Année des océans », année où la France accueillera la Conférence des Nations Unies pour l’Océan, Françoise Gaill, présidente de l’Ocean Sustainability Foundation du CNRS a proposé une innovation considérable : l’IPOS (International Panel for Ocean Sustainability).

Françoise Gaill, fondatrice du nouveau panel international pour la durabilité de l’Océan (IPOS)

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18 avril 2023, l’atelier des institutions scientifiques en soutien de l’IPOS, les deux co-leaders : au centre Tanya Brodie Rudolph et à droite Françoise Gaill ©Saman Musacchio / CNRS

Piloté par deux co-leaders, Françoise Gaill et Tanya Brodie Rudolph, l’IPOS est le fruit de nombreux ateliers et discussions regroupant scientifiques, experts, société civile et autres parties prenantes au cours des dernières années. Ces discussions ont permis de mettre en avant la nécessité de co-construire une connaissance mondiale des océans de façon inclusive et accessible.

« Il est urgent aujourd’hui d’organiser la communauté scientifique mondiale autour de la défense d’un Océan durable, détaille Françoise Gaill, l’objectif est de fédérer les acteurs et de favoriser la circulation de connaissance entre la science, la société et la politique. »

Ce nouveau projet international pour la durabilité de l’Océan est une plateforme intergouvernementale ayant pour objectif de favoriser la circulation de connaissances pluridisciplinaires et de fédérer les acteurs engagés dans la protection de l’Océan. Faire le lien entre la science, la société et la politique afin d’être le vecteur le plus optimal de transformation et d’action pour un Océan durable, tel est l’axe majeur de l’IPOS. Françoise Gaill est en effet convaincue qu’Océan, climat et biodiversité forment une triptyque indissociable. En 2022, ce projet a été soutenu par la communauté scientifique, notamment lors de la signature de la « Déclaration de Bruxelles » qui promeut la mise en place d’une coalition scientifique et la collaboration entre les différentes parties prenantes. Les instances européennes ont également apporté leur soutien à la mise en place de ce projet lors de la COP27, inscrivant ainsi l’IPOS comme réelle innovation dans la gouvernance mondiale de l’Océan. 

« Je me félicite du soutien de la Commission européenne ainsi que de l’accueil que les institutions scientifiques ont accordé à cette coalition et de leur engagement pour commencer concrètement à travailler sur les processus de co-construction dont nous avons besoin pour anticiper les futurs usages de l’Océan » témoigne ainsi la scientifique. 

L’IPOS, le nouveau GIEC pour le climat

L’IPOS est souvent considéré comme une plateforme scientifique internationale comparable à celle du GIEC pour le climat. Les experts ont en effet souhaité que l’IPOS tire parti des institutions existantes de gouvernance de l’Océan, mais Françoise Gaill insiste sur l’insuffisance de la prise en considération de l’Océan dans les rapports du GIEC. « Le travail de ce groupe est essentiellement terrestre. C’est aussi une des conclusions majeures du Congrès de l’Union Internationale pour la protection de la nature » affirme-t-elle. Au-delà d’évaluer l’état de l’Océan actuel, il s’agira donc surtout d’anticiper les évolutions futures afin qu’elles orientent l’action politique en faveur d’une gestion durable de l’écosystème marin.

La Fondation de la Mer a souhaité récompenser François Gaill pour son engagement sans faille en faveur de l’Océan. Grâce à ses travaux de recherche, à sa reconnaissance internationale et à l’innovation de l’IPOS, elle contribue à mieux connaître et faire connaître l’Océan, préalable indispensable pour mieux le protéger.