Article publié le 22/10/2024

Cette fin d’année 2024 est particulièrement riche en sommets internationaux. Du 21 octobre au 1ᵉʳ novembre 2024 se déroule la COP 16 à Cali (Colombie). Puis du 11 au 22 novembre se tiendra la COP 29 à Bakou (Azerbaïdjan). 

Successivement, les États vont se retrouver pour débattre de la diversité biologique (COP 16), puis du climat (COP 29), deux sujets intrinsèquement liés et interdépendants. L’Océan devrait être au cœur des débats de ces rendez-vous, comme le principal réservoir de biodiversité dans le monde et le régulateur du climat. Il représente plus de 90% de l’espace habitable sur la planète et abrite quelque 250 000 espèces connues, ainsi que de nombreuses autres non répertoriées. 

On entend souvent parler de COP mais ce sigle n’est pourtant pas toujours clair.  Le mot COP signifie conférence des parties (Conference of the parties). Les COP sont les organes de gouvernances de Conventions internationales. Il existe différentes COP, mais la plus connue reste la COP relative à la Convention sur les changements climatiques. Les Accords de Paris par exemple sont issus de la 21e édition de la COP sur le climat (COP 21), qui s'est déroulée à Paris en 2015.

Le point commun entre toutes ces COP est leur fonctionnement. Elles réunissent tous les États parties à une Convention, en organisant un sommet de façon régulière (tous les ans, ou tous les deux ans). L’objectif est habituellement le même, d’abord de rendre compte des efforts fournis par les différentes parties, puis fixer de nouveaux engagements. Les deux prochaines COP regroupent quasiment les mêmes États, 196 pour le COP 16 et 197 pour la COP 29. Dans les deux cas l’Union européenne est aussi partie. 

La combinaison de ces deux COP va permettre de :

  • Parler de la protection de l’environnement pendant un mois. 
  • Faire un bilan assez complet des agissements de chacun des États parties, à l’une comme à l’autre des Conventions. 

Traiter successivement de la biodiversité et du climat permet une continuité dans le raisonnement et les engagements des États. Impossible en effet de considérer les effets du changement climatique sans s’intéresser à ses impacts sur la biodiversité. Pour illustrer cela, le meilleur exemple est de citer l’étude conjointe des  experts du GIEC et de l’IPBES sur la biodiversité et le changement climatique. Ce rapport souligne l’importance de protéger les écosystèmes pour atténuer les effets du réchauffement climatique. 

Ces COP vont se dérouler dans un climat géopolitique très compliqué qui ne risque pas de faciliter les discussions, ni même de favoriser une prise de position marquée de la part des États. De plus, de nombreux États subissent des crises importantes et risquent de ne pas pouvoir s’engager financièrement.

“Faire la paix avec la nature” est le slogan de la COP 16 en Colombie. Cette COP est l’organe gouvernant la Convention sur la diversité biologique (CDB). Son objectif est d’établir des agendas, des engagements et des cadres d’action pour conserver une diversité biologique et l’utiliser de manière durable, ainsi que de garantir le partage juste et équitable des bénéfices découlant de l’utilisation des ressources génétiques. Cette Convention sur la diversité biologique des Nations unies est l’une des trois Conventions de Rio, établies en 1992 lors du Sommet de la Terre, avec celle sur les changements climatiques (CCNUCC) et celle sur la désertification (UNCCD). 

La COP 16 est très importante puisqu’il s’agit de la première COP sur la biodiversité depuis l'adoption du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal de décembre 2022. Cet accord prévoyait notamment la protection de 30% des terres et des mers d’ici à 2030, la réduction de moitié des pesticides dangereux, l’élimination de la pollution plastique, la restauration des écosystèmes dégradés, ainsi que le changement des modes de production en favorisant les modes plus durables. Cette Conférence, deux ans après l’accord Kunming-Montréal, est un moment idéal pour évaluer les efforts fournis par chacun des États. Cet accord concerne directement le milieu marin, en encourageant la mise en place d’aires marines protégées et en favorisant la restauration des écosystèmes, alors que 14% des coraux ont disparu dans le monde entre 2009 et 2018. 

De nombreux événements sont organisés à Cali pour rappeler l’importance de l’Océan lorsque l’on parle de biodiversité. Il est aussi organisé un jour de l’Océan le 27 octobre. Des événements essentiels pour ne pas oublier la place centrale que doit avoir l’Océan dans les débats. (Events - Ocean community at CBD COP16 - Google Sheets

Malgré un alignement intéressant de la COP16 et de la COP 29, rien ne garantit que les débats seront concluants. Il est nécessaire de rappeler aux décideurs politiques que des prises de position importantes sont nécessaires, car la protection de l’environnement n’attend pas. Il est essentiel que l’Océan occupe une position centrale dans les débats tant son rôle est clé, aussi bien pour la biodiversité que pour le climat. "Malheureusement, nous avons pris l’océan pour acquis. Nous sommes actuellement confrontés à ce que j’appellerais un état d’urgence des océans", déclarait déjà en juillet 2022 le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. "L’océan n’est pas un dépotoir. Il n’est pas une source de pillage infinie. C’est un système fragile dont nous dépendons tous".