Article publié le 04/03/2025

Si les efforts du multilatéralisme en faveur de la planète peuvent sembler parfois insuffisants, la COP16 sur la biodiversité qui s’est clôturée à Rome le 28 février en est un contre-exemple bienvenu. 

Il s’agit du deuxième volet de la 16e Conférence des Parties de la Convention sur la diversité biologique présidée par la Colombie, qui avait débuté à Cali le 21 octobre 2024. Elle avait pour objectif de mettre en œuvre le cadre mondial pour la biodiversité adopté lors de la COP15 de Kunming-Montréal en 2022. 

Pour rappel, lors de cette 15e Conférence des Parties, les États se sont engagés à réaliser 23 objectifs en faveur de la biodiversité d’ici 2030. Parmi ceux-ci ont trouve l’engagement visant à placer 30% des terres et 30% des mers dans des aires protégées d’ici 2030.raie

Une COP16 en deux parties

La COP16.1 de Cali avait permis la mise en place d’une instance permanente sur les peuples autochtones, certaines avancées sur le partage des bénéfices découlant des ressources génétiques numérisées, des progressions concernant la protection de la biodiversité marine mais pas d’avancées sur les moyens de financement.

La COP16.2 a permis d’aboutir à un Accord entre les 196 États parties à la Convention, afin de mettre en place une méthode à suivre pour mobiliser 200 milliards de dollars par an, nécessaires pour enrayer l'effondrement de la biodiversité. Cet accord n’avait pas été atteint à Cali malgré des avancées significatives. Les États se sont également engagés à intensifier leurs efforts afin de réduire les subventions nuisant activement à la nature d’au moins 500 milliards de dollars par an d’ici 2030. 

Le contenu de la méthode de financement adoptée à RomE

Cette COP italienne avait pour objectif de faciliter le financement de la lutte pour la préservation de la biodiversité par des mécanismes plus efficaces, plus opérationnels s’inscrivant dans un ensemble de directives claires. C’est désormais chose faite puisque les États se sont entendus sur une feuille de route commune permettant de mobiliser les financements, notamment au profit des pays les plus vulnérables.

Pour Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche : Cet accord “est une victoire des positions défendues par la France. Il crée un processus double : d'une part, une mobilisation de toutes les ressources, nationales et internationales, privées et publiques, d'autre part, un processus de revue du paysage financier de la biodiversité, afin qu'il soit plus efficace et plus opérationnel. »

Arnaud Bouissou / Terra
Au sujet de la levée et la distribution des fonds, certains désaccords persistent. Faut-il utiliser des instruments préexistants comme le Fonds mondial pour l'environnement, ou en créer un nouveau, à la demande des pays africains ? Les pays développés, parmi lesquels l’Union européenne, le Japon et la Canada sont hostiles à la création et à la multiplication de nouveaux fonds qui créeraient selon eux une fragmentation de l’aide au développement. Ils prônent également un élargissement de la liste des pays riches tenus de fournir les 30 milliards d’aides au développement, afin d’intégrer notamment la Chine dans celle-ci.  

L’Accord de Rome n’a pas abouti sur la question d’un fonds unique ou de fonds multiples et laisse aux pourparlers de la COP18 en 2028 le soin de trancher sur cette épineuse question.

Pour le WWF, le travail difficile commence maintenant. Nous avons encore besoin que les pays développés tiennent leur promesse de fournir 20 milliards de dollars d'ici à 2025 pour soutenir les efforts mondiaux en faveur de la biodiversité. Le moment est venu de passer de ces promesses aux actes.”

Un suivi tangible des avancées de la COP16.2

Sans un suivi pointu et efficace, les Accords des COP ont peu de chances d’être mis en œuvre.

La force de la COP16.2 est de fixer un mécanisme de suivi précis, des critères et des objectifs communs que les États parties devront respecter pour mesurer les progrès accomplis, en vertu des cibles du Cadre mondial pour la biodiversité. Cependant, seuls 46 États ont soumis leur plan d’action nationaux en matière de biodiversité lors de ce sommet et 150 sont toujours attendus sur ce point. Des efforts restent largement souhaitables quant à l’engagement national sur ce point

La mesure des engagements pris par les États parties commencera dès la COP17 qui aura lieu en 2026 en Arménie.