Accueil> Toute l'actualité>COP16 désertification en Arabie Saoudite “On pense que le désert c’est loin. C’est totalement faux” COP16 désertification en Arabie Saoudite “On pense que le désert c’est loin. C’est totalement faux” Retour vers « les actualités » Article publié le 17/12/2024 La COP16 sur la lutte contre la désertification s'est tenue du 2 au 14 décembre à Riyad en Arabie Saoudite. Elle a réuni des hauts dirigeants de plus de 100 pays. Si cette Conférence des Parties est largement moins médiatisée et connue du grand public que celles qui viennent de se terminer sur le climat et sur la biodiversité, ses enjeux n’en sont pas moins primordiaux et complémentaires. Cette 16e session de la COP sur la lutte contre la désertification (CNULCD), qui se tient tous les deux ans, a pour but de limiter l’expansion des déserts et le déclin progressif de la qualité des sols, de la végétation, des ressources en eau et en faune. Le propre de la désertification est que contrairement à la sécheresse, c’est une “transformation permanente et irréversible” selon le secrétaire exécutif de la CNULCD, Ibrahim Thiaw Les objectifs de l'événement étaient multiples. "Les pays devraient s'accorder sur la manière de traiter la question cruciale de la sécheresse", explique le secrétaire exécutif de la CNULCD, Ibrahim Thiaw, citant également l'accélération de la restauration des terres et la prise en compte des "communautés les plus vulnérables". La désertification, un fléau mondiaL La désertification affecte déjà 3,2 milliards de personnes à travers le monde et aujourd’hui, 40% des terres mondiales sont dégradées. Ce phénomène frappe en priorité les personnes vulnérables, les communautés autochtones, les ménages ruraux, les petits exploitants agricoles et, en particulier, les jeunes et les femmes. Si rien n’est fait, les rendements agricoles pourraient diminuer jusqu’à 50 % dans certaines régions d’ici 2050, entraînant une augmentation de 30 % des prix alimentaires et intensifiant l’insécurité alimentaire. D’ici 2100, 5 milliards de personnes pourraient vivre dans des zones arides, plus du double du chiffre actuel (CNULCD “The Global Threat of Drying Lands). Contrairement à une opinion commune largement répandue, tous les continents subissent la désertification des sols et les effets qui y sont associés. Ce phénomène ne concerne pas que les déserts ou les terres déjà pauvres et arides mais menace “40% des terres émergées de la planète” selon l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et touche déjà 3,2 milliards de personnes selon la CNULCD. Ce phénomène global touche tout de même plus durement les zones déjà arides naturellement. "L'ampleur et l'intensité de la désertification ont augmenté dans certaines zones arides au cours des dernières décennies", selon le GIEC. Concernant l’Europe : "On pense que le désert, c'est loin. C'est totalement faux", signale Jean-Luc Chotte, directeur de recherche à l’IRD. "Beaucoup de sols se dégradent, sont érodés, voient leur stock de matière organique diminuer", comme c’est déjà le cas en Espagne ou au Sud de la France, souligne-il. L’Océan et la désertification La désertification terrestre s’accompagne souvent d’une désertification moins connue car invisible à l'œil nu : celle de l’Océan. En utilisant les images de de l’instrument SeaWIFs (Sea-viewing Wide FIeld-of-view Sensor) en orbite depuis 1997, des océanographes ont dressé la carte des grands déserts océaniques et, surtout, sont parvenus à en déterminer l'évolution depuis une décennie. Ces observations prouvent que depuis 1998, ces "déserts" ont gagné environ 6,6 millions de km2, soit douze fois la superficie de la France métropolitaine. La désertification marine et terrestre possède un dénominateur commun : le réchauffement climatique. Plus la température en surface de l’eau augmente, moins l’activité photosynthétique est forte et ces eaux de surface tendent à moins se mélanger avec les eaux froides des profondeurs. Cela est un grave problème notamment pour le plancton végétal qui ne reçoit plus suffisamment de nutriments issus des eaux profondes et poussés par les courants. La désertification des Océans est donc un enjeu majeur car elle impacte la ressource halieutique en perturbant la chaîne alimentaire ainsi que la capacité des océans à absorber du dioxyde de carbone qui est largement stocké dans les micro-algues et dans les eaux profondes. Comme en témoigne Marina Levy, océanographe et climatologue, sur France 24 : l’augmentation d’un degré sur terre réchauffe une couche d’océan allant de 20 m à 100 mètres de profondeur. Ce réchauffement peut pénétrer jusqu’à 1000 mètres de fond ce qui pose de graves problèmes pour la faune, la flore et le rôle de capteur du dioxyde de carbone de l’océan. LA lutte contre la désertification est bien plus rentable que l'inaction selon l'ONU Le rapport de l’ONU "Investir dans l’avenir des terres : Évaluation des besoins financiers pour la CNULCD" publié en 2024 estime qu’il faudrait dépenser un milliard de dollars par jour pour lutter contre la désertification. Selon Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la CNULCD : « Pour protéger les vies et les moyens de subsistance, nous devons augmenter considérablement les investissements dans la restauration des terres (...). La bonne nouvelle est que le monde pourrait économiser des milliards chaque année et générer des milliers de milliards supplémentaires en restaurant des terres en bonne santé et en renforçant la résilience face à la sécheresse». Conclusion de la cop16 La conférence de Riyad s’est clôturée sans que les pays parviennent à un accord. Cette COP16 a été marquée par une forme de lassitude et de désintérêt international, notamment dû au fait qu’il s’agit de la troisième COP en moins de six semaines et cela s'est fait ressentir par la très faible présence journalistique française à Riyad, selon Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d'Histoire naturelle. Quels objectifs ont concrètement été atteints ? L’ambition des pays africains était d’obtenir un protocole contraignant mais cela a été freiné par d’autres pays, car considéré comme trop restrictif. Des discussions ont également vu le jour sur l’importance d’impliquer les femmes dans la gestion des sols par une formation adéquate car elles sont, dans beaucoup de pays, le support principal de la gestion des sols. Malheureusement, ces discussions ont été largement freinée par l’Iran. L’idée était de mettre les populations locales impactées au centre de la lutte contre la désertification. Néanmoins, certains progrès ont été réalisés notamment l'engagement du Fond pour l’environnement mondial, organe financier de la CNULCD à orienter 282 millions de dollars vers son Programme intégré sur les systèmes alimentaires. Les négociations sur un futur traité instaurant un régime mondial sur la sécheresse, devant être finalisé lors de la COP17 en Mongolie, ont avancé ainsi que la création d’un Caucus pour les personnes autochtones et pour les communautés locales, afin de défendre au mieux leurs intérêts. Des actions concrètes ont également été mises en place tel que le Partenariat mondial pour la résilience à la sécheresse de Riyad, qui a attiré 12,15 milliards de dollars pour soutenir 80 des pays les plus vulnérables du monde dans la construction de leur résilience à la sécheresse. Le projet du Grand Mur Vert, initiative dirigée par l’Afrique pour la restauration de 100 millions d’hectares de terres dégradées, a également mobilisé de nouveaux fonds de la part de l’Italie et de l’Autriche à hauteur de 14 millions d’euros. Le bilan de cette COP16 à Riyad est donc en demi-teinte et il convient d’attendre la COP17 en Mongolie pour juger de la qualité du futur traité. Partager cet article: Partager sur FacebookPartager sur TwitterEnvoyer à un amiCopy to clipboard Poursuivez votre lecture “Un océan de bien-être pour tous” 10.12.2024 Lire la suite Traité mondial sur le plastique à Busan : un nouveau flop ? 02.12.2024 Lire la suite Replanter la posidonie en Méditerranée, une mission 2024 plus que réussie ! 28.11.2024 Lire la suite Voir toutes les actualités