Article publié le 11/10/2024

Axelle Gaffet est lauréate de la bourse de la Fondation de la Mer 2022. Sa thèse porte sur "Les contributions des houles australes exceptionnelles aux évènements de submersion marine passés dans les territoires d’Outre-mer français".

Les îles tropicales vont faire face à une augmentation alarmante des risques littoraux dans les décennies à venir. En cause, la concentration des populations et des activités associées dans les zones littorales, l’augmentation des aléas littoraux et la dégradation des récifs coralliens liées aux changements globaux.

Les évènements majeurs de submersion peuvent se produire à la suite d’un cyclone tropical mais également à la faveur de houles distantes exceptionnelles, phénomène jusqu’alors peu connu. Au cours de la dernière décennie, la compréhension de la contribution des vagues dans les niveaux marins extrêmes a énormément progressé, grâce à des études combinant des observations de terrain et des simulations numériques à haute résolution. Les évènements majeurs ayant eu lieu au cours des décennies passées doivent être revisités, afin de mieux les comprendre.

Grâce à la bourse de la Fondation de la Mer, la doctorante a pu réaliser une mission de terrain en juin dernier à l’Hermitage, à La Réunion, avec le déploiement de capteurs de pression et de courantomètres. Ces instruments, stratégiquement placés le long d’un transect perpendiculaire et parallèle au lagon, permettent de reconstituer les hauteurs et périodes de houle, ainsi que de mesurer les courants marins.

axelle gaffet

Les données recueillies lors de cette mission sont d’une grande importance, notamment en raison de leur rareté dans les îles tropicales. Elles jouent un rôle clé dans la validation des modèles numériques de vagues et de circulation hydrodynamique, contribuant ainsi à une meilleure compréhension des dynamiques côtières.

En septembre, les capteurs ont été récupérés et les données traitées, ce qui a permis d’enregistrer les événements de fortes houles survenus en août 2024. Une partie des capteurs, située dans le lagon, a pu être récupérée à pied, tandis qu’une autre partie, positionnée de l’autre côté de la barrière de corail, à des profondeurs allant de 3 à 30 mètres, a nécessité l’intervention de plongeurs professionnels.

"Cette mission m’a permis de participer à du terrain, ce qui est rare lorsqu’on est modélisateur, elle m’a aussi offert l’opportunité d’accéder à des archives locales" témoigne Axelle Gaffet. "Durant cette mission, j’ai pu accéder aux archives des journaux locaux et obtenir des informations sur les houles extrêmes survenues en 2007 et 2022. En l’absence de données mesurées, les journaux locaux donnent de précieuses informations sur l’ampleur et l’extension des submersions marines associées aux événements extrêmes passés.axelle gaffet
Cette mission a également été l’occasion pour Axelle de présenter ses travaux à divers acteurs locaux, favorisant ainsi le partage et la valorisation des recherches menées. L’étude des houles à La Réunion est essentielle non seulement pour la recherche scientifique, mais aussi pour la gestion des risques côtiers et la protection des écosystèmes fragiles de l’île. Ce projet, en intégrant des données locales et historiques, contribue à une meilleure compréhension des événements de houles australes extrêmes passés. De notre compréhension des phénomènes passés dépendent notre anticipation et nos stratégies de protection futures.

La Fondation de la Mer remet chaque année des bourses d'une valeur de 5 000€ à des étudiants inscrits en école doctoral, dont les sujets concernent le fait maritime. Vous pouvez postuler jusqu'a 31 décembre 2024.

"Soutenir ces jeunes doctorants est très important pour la Fondation de la Mer, qui contribue ainsi à faire avancer la recherche sur les océans, en sciences de la vie et de la matière, en sciences sociales, en sciences de l’environnement ou encore en histoire, et ce depuis 2016. Je tiens à les féliciter, ils investissent beaucoup de temps et d’énergie sur ces travaux passionnants pour faire progresser nos connaissances et aider à mieux protéger nos mers" témoigne Pascale Joannot, océanographe et présidente du conseil scientifique de la Fondation de la Mer.