Article publié le 31/05/2024

Face aux défis de la souveraineté alimentaire et aux enjeux environnementaux dans nos eaux territoriales, la Fondation de la Mer s’engage pour promouvoir des solutions durables.

À la veille de la journée mondiale de l’Océan, la Fondation de la Mer choisit de mettre en lumière une innovation française unique au monde, développée par la start-up BiOceanOr, qui permet une gestion durable des ressources halieutiques grâce à l’intelligence artificielle.

L'aquaculture, secteur en plein essor mais pas sans défi

L'aquaculture représente actuellement le secteur de production alimentaire dont la croissance est la plus rapide (multipliée par 13 en 30 ans), plus d’un poisson sur deux dans la consommation mondiale provient de l’aquaculture. Parallèlement, la consommation de protéines aquatiques par habitant a triplé depuis les années 1950. Face à ces chiffres, on constate l’importance du secteur de l’aquaculture dans l’alimentation mondiale actuelle, dont dépendent particulièrement les populations les plus pauvres.

Parallèlement, le déploiement de l’aquaculture engendre des défis environnementaux, notamment pour ce qui concerne la qualité de l’eau. Les élevages aquacoles, lorsqu’ils ne sont pas gérés de manière responsable, peuvent avoir de graves effets sur la faune sauvage et les eaux environnantes. La mauvaise gestion du nourrissage et l’utilisation trop fréquente d’antibiotiques ont de réelles incidences à la fois sur les espèces sauvages dites « opportunistes » qui vivent proches des cages, mais aussi sur la santé des consommateurs finaux.

L’aquaculture pose aussi des questions de souveraineté alimentaire. C’est en effet un marché ultra dominé par l’Asie (90%) et plus particulièrement par la Chine qui représente à elle seule plus de 60% de la production.

Aquafrais
Aquafrais Cannes, voyage d'étude organisé par la Fondation de la Mer le 30 mai 2024

Pour garantir notre sécurité alimentaire et respecter l’Océan, l’aquaculture doit se développer localement et adopter des pratiques responsables. Les exemples des mégafermes d’aquaculture en Asie du Sud-Est, en Grèce et en Turquie montrent qu’il est indispensable de développer en France des méthodes d’élevage locales et durables.

L'aquaculture oui, mais localement et durablement

Pour que l’aquaculture soit envisageable, il est alors essentiel qu’elle soit développée localement et qu’elle adopte des pratiques responsables. Ce qui implique donc la recherche et l’innovation, afin de trouver une solution qui pourrait pallier les différents défis exposés plus tôt. C'est dans cette optique que la Fondation de la Mer a choisi de soutenir une innovation technologique visant à accompagner les fermes d’aquacultures vers une maîtrise de leurs impacts sur l’environnement et le pilotage de leur production. 

Pour que l’aquaculture reste respectueuse de la mer, des écosystèmes, de la biodiversité marine et des élevages, elle doit se fixer certains objectifs :
- Développer des petites unités locales en circuit court
- Encourager une alimentation encore plus responsable pour les élevages, en évitant, par exemple, l'utilisation d'aliments issus d'OGM, et en développant des alternatives d’alimentation (insectes, microalgues etc.)
- Assurer le bien-être animal tout au long des processus d'élevage
- Développer la culture des algues et faciliter la mise en place de projets d’aquaculture multitrophique intégrés

Il est également essentiel de :
- Faire changer les habitudes de consommation des populations pour réduire la pression sur les espèces les plus “tendances”
- Favoriser l’innovation pour une production encore plus responsable

Biocéanor, révolutionner durablement la surveillance de l'aquaculture 

Actuellement, les méthodes traditionnelles de surveillance ne fournissent pas de données de la qualité de l’eau, ce qui entraîne des retards dans la prise de décisions face aux problèmes tels que la pollution ou la présence de contaminants toxiques. Pour permettre une surveillance accrue de la qualité de l’eau, BIOceanOr a développé une solution technologique unique, permettant une gestion efficace et durable de l’aquaculture.

« Le système de surveillance et de prévision de la qualité de l’eau de BIOceanOr est unique au monde. C’est une solution stratégique pour le développement de l’aquaculture, qu’il faut accompagner de façon locale et durable. BIOceanOr est ainsi parvenu à conjuguer biologie marine, intelligence artificielle et océanographie dans le but de protéger l’Océan.

Aquafrais bioceanor
La solution BIOceanOr est utilisée par Aquafrais Cannes, voyage d'étude organisé par la Fondation de la Mer le 30 mai 2024

Au-delà de l’aquaculture, cette innovation va contribuer à mesurer l'impact du changement climatique sur l’Océan, de détecter les pollutions et maîtriser les risques sanitaires, d’améliorer notre gestion des ressources halieutiques, de préserver des espèces, la biodiversité marine... L’IA ouvre de nouvelles perspectives en faveur de la protection de l’Océan … »  commente Alexandre Iaschine, directeur général de la Fondation de la Mer.

Intelligence artificielle et biologie maine : un potentieL de progès infini

Grâce à la combinaison des connaissances biologiques et de l’intelligence artificielle, le logiciel AquaREAL révolutionne la surveillance des élevages aquacoles.

Ce système offre des données en temps réel et des prévisions précises jusqu’à 48 heures sur la qualité de l’eau. Les informations ainsi fournies permettent aux aquaculteurs, accompagnés par les équipes de BiOceanOr, de prendre des décisions éclairées pour optimiser la gestion de leurs élevages (anticiper les problèmes, préserver la santé des animaux, réduire la mortalité et améliorer la gestion de la production).

L’IA offre un potentiel significatif pour améliorer tous les aspects de l’aquaculture, de la production et de la santé des poissons à la gestion de l’environnement et des risques. En intégrant des technologies d’IA dans les opérations aquacoles, les éleveurs peuvent accroître l’efficacité, la durabilité et la rentabilité de leurs activités.

Photo AquaREAL_CageNO-2

La Fondation de la Mer a distingué les fondateurs de BiOceanOr, Charlotte et Samuel Dupont, en tant qu’Engagés pour l’Océan 2023. Forte de ce soutien, la startup poursuit activement le renforcement de ses innovations en établissant des partenariats stratégiques avec des institutions de renom telles que le CNES (Centre national d'études spatiales) ou l’ESA (Agence spatiale européenne). De plus, elle a récemment conclu un accord de coopération avec l’Ifremer.

Le Programme DES "Engagés pour l'océan"

La Fondation de la Mer, avec le soutien de la Banque Transatlantique, mécène fondateur du programme, récompense des personnalités engagées pour la protection de l’Océan. Ce sont des scientifiques et des entrepreneurs qui mettent en œuvre des actions novatrices ayant un effet positif sur l’Océan ou qui s’en inspirent pour développer des innovations. En 2023, pour la première édition, ce sont Charlotte et Samuel Dupont, fondateurs de BiOceanOr, Didier Tabary, fondateur du groupe KRESK et Françoise Gaill, fondatrice de l’IPOS, qui ont été récompensés.

lauréats engagés

BIOCEANOR : SAMUEL ET CHARLOTTE DUPONT, LAURÉATS DE LA CATÉGORIE « ENTREPRENEUR » DES ENGAGÉS POUR L’OCÉAN 2023