Géant emblématique des mers, le requin-baleine est connu du plus grand nombre. Pourtant d’un point de vue scientifique, il reste une espèce à découvrir. Aucune estimation précise de la population mondiale n’existe à ce jour, bien que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ait considéré dans les années 2000 que 50% des individus avaient disparu sur les 75 dernières années. 

Parmi les menaces pesant sur la survie du requin-baleine, la pêche, le trafic maritime et la pollution plastique occupent les premiers rangs. Autant de menaces exacerbées par la maturité sexuelle tardive de cette espèce.

Le Golfe de Guinée, point névralgique du trafic maritime et de la pêche mondiale, y compris illégale, concentre ces menaces. C’est dans ce contexte que se déroule la mission William menée par l’association Over the Swell, avec le soutien de la Fondation de la Mer.

L’objectif de la mission scientifique est de constituer la première base de données au monde sur les requins-baleines présents dans cette zone géographique, et de prouver son importance afin de créer le premier couloir maritime en haute mer, entre le Golfe de Guinée et l’île de St Hélène pour préserver cette espèce migratoire. Pour cela, la mission William se compose de 3 grands axes : scientifique, éducatif et politique.

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Axe scientifique : une étude inédite sur les requins-baleines du Golfe de Guinée réalisée en collaboration avec les pêcheurs locaux

Lancée il y a maintenant un an, la mission William est dotée d’une équipe scientifique locale présente à Sao-Tomé et Principe, constituée grâce au soutien de l’association sao-toméenne Marapa. Elle se double d’une équipe d’observateurs, composée de pêcheurs locaux, premiers témoins et victimes de l’effondrement de la biodiversité. En un an, 14 pêcheurs ont été formés à l’observation et à la photographie scientifiques. Équipés de go-pro et rémunérés par la mission, ils prennent les premières photos scientifiques du monde des requins-baleines de cette région à l’occasion de leurs sorties quotidiennes.

À ce jour, une trentaine de requins-baleines, dont parmi eux de jeunes adultes, ont pu être observés sur 7 spots. Le travail d’identification continuera en janvier 2024 avec une campagne de taggage. L’objectif est aussi de mieux mesurer les effets des menaces pesant sur les requins-baleines. Une étude mondiale publiée il y a plus d’un an, mettait en lumière la corrélation entre l’intensité du trafic maritime avec la baisse de population de requins-baleines sur les routes commerciales au fil du temps. Une étude qui ne couvrait pas le Golfe de Guinée, en raison de l’absence de données préalables pour effectuer des comparaisons.

Axe politique : mobiliser pour la protection du requin-baleine, c’est préserver tout un écosystème et des conditions de vie

L’axe politique de la mission William vise à inscrire dans les agendas politiques la protection du requin-baleine. L’espèce n’est pas toujours connue et les intérêts de sa protection reconnus, notamment dans un contexte d’intérêts économiques puissants, le Golfe de Guinée étant la mer la plus pêchée au monde.

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Les différentes pressions sur la mégafaune du Golfe de Guinée ne sont pas seulement issues des pays de la zone. L’association Over the Swell souhaite donc avoir une influence supranationale, jusqu’en Europe, concernée par la disparition des requins-baleines. En effet l’Union Européenne participe à la pression de pêche exercée dans cette région. Les navires espagnols notamment, mais aussi portugais et français sont connus pour y prélever notamment du thon, conformément aux accords de pêche en vigueur. La présence des thons est souvent annoncée par celle de requins-baleines qui partagent les mêmes zones d’alimentation. Ces géants deviennent alors victimes de captures accidentelles ou volontaires. Ce défaut de contrôle peut se comprendre par un manque de moyens, comme c’est le cas à Sao-Tomé, où les autorités ne disposent que d’un unique navire de la marine. Ainsi se développent des actes de pêches illégales dont les cibles sont aussi d’autres espèces de requins (marteau et peau bleue).

Cette dégradation de la santé de l’Océan engendre des retombées sociales et politiques. Les pêcheurs locaux sont confrontés à des zones de pêche qui se vident avec des poissons de plus en plus petits et des quantités de plus en plus faibles. Cela les force à pêcher plus loin et plus profond, avec des embarcations pas toujours adaptées, autrement dit en prenant plus de risques. Certains d’entre eux descendent à 40 m en apnée afin de trouver des ressources pour vivre !

Face à ces difficultés et dans un contexte où 62% de la population de Sao-Tomé – à l’image de celle des pays du Golfe de Guinée – a moins de 25 ans et où près de 67% des citoyens vivent dans la pauvreté, nombreux sont ceux qui souhaitent rejoindre l’Europe pour y travailler et vivre dans de meilleures conditions.

Préserver le requin-baleine par la création d’un couloir maritime, c’est préserver tout un écosystème, bénéfique aux autres espèces de la zone. Pour cette raison, la mission William souhaite élargir son champ d’étude aux requins marteaux qui subissent une pêche intensive sans tri selon leur âge, mais aussi aux requins peau bleue, makos et tigres qui disparaissent progressivement.

Une préservation nécessaire pour permettre aux populations locales de subvenir à leurs besoins. La mission développe en parallèle de nouveaux revenus pour les pêcheurs artisanaux, par leur rôle de gardien de la biodiversité. La mission William souhaite développer la venue facturée de groupes de plongeurs pour leur faire découvrir la zone et ses richesses. En plus du revenu généré, ceux-ci deviendraient de nouveaux ambassadeurs de l’urgence d’agir pour les requins-baleines et tout l’écosystème qui leur est associé. Un rôle de sensibilisation qu’Over the Swell développe aussi aux côtés de la jeunesse.

Axe éducatif : travailler main dans la main avec la jeunesse française et sao-toméenne

Par son nom, la mission William rend hommage à la passion d’un jeune garçon des hôpitaux pédiatriques du Finistère avec qui Over the Swell collabore pour la réalisation de ce programme.

La mission William amène l’Océan à l’hôpital en faisant plonger les enfants grâce à la 3D. Elle les fait aussi travailler avec l’école portugaise de Sao-Tomé. Ensemble, ils ont créé une œuvre musicale pour une vidéo de la mission. Ils s’unissent également pour la rédaction d’un livre en 3 langues, sur le lien qui nous unit avec les requins-baleines.

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