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Observation lors d’une campagne en mer ©CCS

De mars à septembre 2023, l’association Caribbean Cetacean Society (CCS) a réalisé avec le soutien de la Fondation de la Mer sept expéditions de 15 jours chacune à travers les îles des Petites Antilles.

Ces expéditions s’inscrivent dans le programme Ti Whale An Nou, signifiant « nos petites baleines à nous » dans un mélange de créole français et anglais, lancé par l’association depuis mai 2021.

Ce programme représente la plus large étude scientifique des cétacés à l’échelle des Petites Antilles et applique pour la première fois une méthode standardisée à l’ensemble de la région. Il s’organise autour de 4 pôles principaux de coopération, recherche, conservation et éducation afin de mieux connaître et faire connaître les cétacés présents dans cette région. L’objectif est d’acquérir des connaissances concernant la diversité, la distribution, l’abondance relative et les mouvements des espèces de cétacés, ainsi que d’apprendre davantage sur les menaces auxquelles elles sont confrontées, afin de mettre en place des mesures de conservation adaptées et efficaces avec chaque territoire.

Près de 26 cétacés sont étudiés sur plus de quinze territoires insulaires, dont parmi eux le grand cachalot. Espèce emblématique des Petites Antilles, il demeure menacé à l’échelle globale et régionale. Sa conservation est aujourd’hui confrontée à un manque de données, auquel la CCS s’efforce de répondre.

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Grand Cachalot (Physeter macrocephalus) ©CCS

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Le cachalot est reconnaissable par sa large tête carrée en forme de tronc, qui peut représenter jusqu’à un tiers de sa taille totale. Bien que impressionnante, ce n’est pas sa taille mais bien la façon dont les individus communiquent entre eux qui fait de cette espèce l’une des plus étudiée dans le monde.

En effet, la complexité du système de communication observée chez cette espèce révèle une organisation sociale hiérarchisée, qui détermine l’appartenance de chaque individu à un clan social, à un groupe et plus largement, à un clan vocal qui pourrait être comparé à notre définition d’une langue. Plus précisément, l’appartenance à un clan vocal est définie par la pratique du coda identitaire de son clan.

À l’heure actuelle, plus de 700 individus ont été photo-identifiés dans l’ensemble des Petites Antilles. Parmi ces individus, trois clans vocaux majoritaires ont été mis en évidence : le clan EC1 qui émet des clics selon le rythme 1+1+3 ; le clan EC2 qui parle plutôt le 5 clics réguliers (« 5R ») ; et enfin le clan EC3 dont le coda identitaire est “9R”. Les individus appartenant à des clans vocaux différents ne sociabiliseraient pas ensemble et seraient à protéger séparément.

En effet, ces trois clans semblent occuper des territoires distincts en fonction du « dialecte » qu’ils parlent, affichant ainsi une forte sédentarité. Or, ces dialectes bien particuliers sont associés à des comportements sociaux, de chasse et de mouvements spécifiques qui sont propres à chaque sous-population et hérités de génération en génération.

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Ainsi, bien que le cachalot ait été globalement classé comme « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la non-considération de ces sous-populations et le manque de statuts distinct à l’échelle spatial des clans sociaux pourraient complètement tronquer l’évaluation de leur statut.

Au cours de ses expéditions, la CCS a aussi pu identifier d’autres cétacés, tels que des baleines à bec de Gervais ou des dauphins tachetés pantropicaux. Ne se limitant pas aux cétacés, la CCS a profité de l’opportunité d’être en en mer pour travailler à l’identification d’oiseaux marins comme le phaeton à bec jaune ou le fou à pieds rouges.

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Phaeton à bec jaune

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Fou à pieds rouges ©Cameron Rutt

Article rédigé en collaboration avec Louise SIMON de la CCS.